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Innsbruck. Autriche.

 

L’Hôtel de l’Inn est un établissement fréquenté essentiellement par des touristes, mais d’un genre particulier. Le gros de la clientèle internationale se déverse sur Vienne et Salzbourg. Aller jusqu’à Innsbruck suppose un intérêt plus profond pour l’Autriche, surtout en été. Les visiteurs appartiennent donc essentiellement à la catégorie germanique. Ils explorent leur proche voisinage, apprécient les variations sur un même thème, familier de surcroît : églises baroques, maisons à colombages, inscriptions en lettres gothiques sur les enseignes. Une majorité de voyageurs est constituée de couples âgés, quelques veuves se mêlent à eux, quant aux rares hommes seuls, ils sont généralement tenus à l’écart et se consacrent à la boisson.

La présence dans ce milieu respectable d’une Américaine solitaire, outrageusement belle et d’une décontraction frisant l’indécence, déclencha dans l’hôtel une vague de commérages d’autant plus providentielle que le temps était revenu à la pluie. Il était presque inutile de poster des hommes en armes pour garder Kerry : tous ses faits et gestes étaient épiés, commentés, notés peut-être, par les autres pensionnaires de l’hôtel.

Après avoir reçu le coup de fil de Paul, elle modifia discrètement sa conduite et se mit à son tour à observer. Elle descendit prendre son petit déjeuner dès l’ouverture de la salle à manger. Placée sous un lustre en andouillers de cerf, Kerry détaillait les clients qui défilaient devant les tambours chauffants du buffet. Les premiers levés étaient à l’évidence des cadres en mission ou des voyageurs de commerce. Ensuite venaient des échantillons d’un troisième âge actif. À huit heures du matin, ils étaient habillés de pied en cap, mêlant avec recherche loden traditionnel et Gore-Tex dernier cri.

Kerry se déplaça ensuite vers le hall afin d’observer le départ des promeneurs. Certains partaient à pied, sans doute à destination d’une randonnée urbaine. D’autres, munis de sacs à dos, avaient visiblement pour intention de rayonner plus loin dans les montagnes et ils comptaient s’avancer en sortant de la ville en voiture. Le parking de l’hôtel, situé dans une cour, était visible depuis la véranda qui prolongeait les salons. Kerry repéra un couple qui montait dans sa voiture et sortait par une rue parallèle au quai. Deux hommes d’Archie étaient postés dans cette rue, de part et d’autre de la porte cochère.

Elle passa la journée à aller et venir, dans sa chambre et au rez-de-chaussée. Elle acheta des vêtements autrichiens dans la petite galerie de boutiques qui ouvrait sur le lobby, puis écrivit des cartes postales à ses enfants. Elle les jeta ensuite dans une immense boîte aux lettres en cuivre, gravée aux armes des Habsbourg. À partir de cinq heures, elle se plaça de nouveau en faction dans le hall. Le couple de promeneurs qui avait quitté l’hôtel en voiture revint peu après. L’homme était très rouge et, en vainqueur, portait son chapeau tyrolien un peu en arrière.

Une grande carte de la région était affichée près des ascenseurs et Kerry avait pris soin de s’asseoir à proximité. Sitôt rentrés, les deux promeneurs s’approchèrent de la carte cependant que d’autres clients de l’hôtel les entouraient avec curiosité. Ils parlaient en allemand, mais il n’était guère difficile de comprendre qu’ils se pavanaient devant les autres, en désignant un petit sommet situé à quelques kilomètres de la ville. Kerry se leva et se mêla au groupe. L’homme qui racontait son exploit l’aperçut le premier et bomba le torse, traçant du doigt sur la carte l’itinéraire qu’ils avaient suivi. Kerry demanda poliment si le couple de promeneurs parlait anglais. Ils le comprenaient assez bien. Kerry les interrogea sur leur programme du lendemain. Le couple annonça fièrement qu’à huit heures et demie on les trouverait en voiture avec un objectif considérable : un glacier situé à trente kilomètres.

Kerry leur souhaita très poliment bonne chance et s’éloigna.

Le reste de la soirée fut, comme d’habitude, morne et silencieux. Les promeneurs allèrent se coucher tout de suite après le dîner et les joueurs de canasta s’épuisèrent sur de minuscules enchères à un centime d’euro le point.

Le lendemain matin, les deux conquérants du sommet de la veille, descendirent déjeuner à sept heures et demie. Une heure plus tard, ils déposaient leur sac à dos sur la banquette arrière de leur Passat et quittaient l’Hôtel de l’Inn en direction du Hochgleitcher qu’ils comptaient atteindre avant dix heures du matin. Ils prirent soin de garer la voiture à l’ombre, au fond du parking d’où partait le sentier. Ils mirent leurs petits sacs en cuir sur le dos, saisirent leurs Alpenstock et partirent en sifflotant.

Dix minutes plus tard, après avoir pris la précaution de scruter les bruits alentour, Kerry sortait du coffre de la Passat. Elle avait eu le temps d’étudier la carte la veille au soir. Du parking, il lui suffisait de marcher un kilomètre pour rejoindre la grande route qui reliait Innsbruck à Munich. Ensuite, ce serait une question de chance. Mais en Autriche comme ailleurs, une jolie fille n’a pas à attendre longtemps avant qu’un automobiliste ne la prenne en stop.

 

De Philadelphie, Juliette était revenue vers Sait Lake City à bord d’un vol United Airlines. Elle avait placé le flacon rouge dans sa petite valise et l’avait enregistrée pour éviter les contrôles.

Pendant le vol, elle avait avalé deux comprimés de neuroleptique avec un Coca light. Comme elle le craignait, le stress lié au démarrage de l’opération avait relancé son excitation. Elle se sentait de nouveau euphorique, invulnérable, curieuse de tout, à la limite de la franche agitation. À tout instant, elle pouvait perdre le contrôle d’elle-même. Mais elle s’était donné pour règle de prendre ses médicaments quoi qu’il arrivât, même si elle se sentait bien. Surtout si elle se sentait bien.

Harrow l’attendait sur le parking de l’aéroport, au volant d’une Nissan Patrol beige immatriculée dans l’Utah.

Juliette était très émue de le revoir, quoiqu’elle ne l’eût quitté que depuis l’avant-veille. Elle était fière d’avoir accompli sa mission. Il y avait une jouissance presque militaire dans ce plaisir de l’obéissance. Elle était adoucie par la pensée que Ted était désormais toute sa famille.

Elle l’observa pendant qu’il conduisait sans dire un mot. Dans la maison du Colorado, elle était sincère en se disant qu’elle n’éprouvait pour lui aucun attrait physique. Maintenant, dans cette intimité particulière qui naît d’un secret partagé, un désir inattendu montait en elle. Elle sentit un léger dépit de le voir concentré sur sa conduite, si peu intéressé par elle. Puis elle enfouit ces pensées au fond de son esprit. Elle se dit que cette légère frustration ne pouvait que lui donner plus d’énergie encore pour accomplir ce qui allait être exigé d’elle.

Harrow la conduisit jusqu’à un immeuble banal de la périphérie de Sait Lake City. Ils montèrent par un escalier métallique extérieur jusqu’au deuxième étage. Là, ils empruntèrent un couloir sombre aux murs couverts de tags, jusqu’à une porte anonyme à laquelle Harrow frappa trois fois. L’appartement était quasiment vide, à l’exception de deux lits en fer et d’une table. Un grand gaillard blond, qui leur avait ouvert la porte, annonça que leur départ était prévu à minuit et demi. Il leur montra deux sacs en toile de marin posés sur le sol et leur dit que tout était prêt à l’intérieur. Sur la table, des sandwiches et des bouteilles de soda étaient préparés pour eux. Harrow le remercia et l’homme sortit en leur donnant rendez-vous à onze heures au pied de l’immeuble.

Ils s’allongèrent chacun sur un lit et firent la sieste en prévision d’une nuit sans sommeil. Juliette se retournait et faisait couiner le sommier en fer.

— Ted…

— Oui.

— Tu ne dors pas ?

— Pas encore.

— Je voulais te demander…

Il attendait sans bouger. Les lits étaient tête-bêche, elle voyait les semelles pointues de ses bottes mexicaines.

— Qu’est-ce qu’il y a dans ce flacon ?

Les bottes s’écartèrent et le visage furieux de Harrow apparut.

— Contente-toi de ta mission et ne pose pas de questions.

Il avait répondu sur un ton agressif et sa phrase ne souffrait aucune réplique. Juliette se tut. Sa déception ne venait pas de la rudesse avec laquelle Harrow lui parlait. Après tout, elle avait choisi cet engagement en connaissance de cause et n’espérait pas être traitée autrement. Ce qui la mettait mal à l’aise, c’était l’idée qu’il ne lui fasse pas confiance. Elle se préoccupait de savoir ce que contenait ce flacon dans l’intention d’être encore plus motivée pour agir. Sa question n’était pas la marque d’un manque de foi, mais plutôt un moyen de renforcer encore sa dévotion à la cause.

Elle réfléchit longuement à ce que devait être l’obéissance. Finalement elle parvint à la conclusion qu’Harrow avait raison. La foi n’a rien à voir avec la raison. Quand apparaît un saint Augustin, c’est que déjà le feu sacré des premiers chrétiens est refroidi. Les grandes choses ne se font que dans la soumission aveugle, une fois passée la première illumination de la conversion.

Elle s’étonna elle-même de rouler des pensées aussi religieuses et finit par se dire que la cité des Mormons devait exercer sourdement son influence sur son esprit. Puis elle s’endormit.

À onze heures, comme prévu, une voiture vint les chercher au pied de leur immeuble. Elle était conduite par un homme silencieux, peut-être muet. Il ne leur adressa pas la parole pendant les deux heures que dura le trajet. L’endroit où il les déposa n’était signalé par rien de particulier. C’était une simple courbe de la route toute proche du Lac Salé. De là, on pouvait prendre pied sur la surface plane du lac en traversant un simple talus de pierrailles. La voiture repartit aussitôt.

C’était une nuit sans lune et sans nuages, constellée d’étoiles qui projetaient leur lueur froide sur le miroir argenté du sol. À l’horizon, la ligne sinueuse des sommets ne se distinguait du ciel que par l’absence d’étoiles et une obscurité plus profonde encore. Un léger vent d’est apportait une fraîcheur venue des gorges froides des Rocheuses. Assis sur leurs sacs, Juliette et Harrow attendirent près d’une heure. Soudain, à quelques centaines de mètres d’eux et sans que rien l’eût laissé prévoir, s’allumèrent deux lignes de lumières blanches. On aurait dit des guirlandes de Noël posées sur le sol. En regardant attentivement, Juliette distingua des ombres qui s’affairaient autour des lumières et perçut le bruit saccadé et assourdi d’un petit générateur.

Cinq minutes étaient à peine passées qu’apparaissaient à l’horizon les phares d’un avion. Quand il approcha, Juliette reconnut un bimoteur léger, pourvu de trois hublots sur les côtés. C’était le même avion qui l’avait transportée depuis l’Afrique du Sud vers une destination inconnue. Quand il fut proche d’atterrir entre la double ligne de lumières posées au sol, elle put lire les lettres inscrites sur les ailes. Elles étaient différentes de l’immatriculation du vol sud-africain qu’elle avait mémorisé malgré elle.

Avant même que l’avion se soit posé, Harrow avait saisi son sac et l’avait balancé sur son épaule. Il fit signe à Juliette et tous deux s’élancèrent en courant vers la piste improvisée.

Les silhouettes qui avaient préparé l’atterrissage se tenaient à distance et n’étaient pas reconnaissables. Le vent des hélices obligeait Harrow et Juliette à avancer en se courbant et à aborder l’avion par l’arrière. Au mépris de toute précaution de sécurité, les moteurs restèrent allumés pendant qu’on ouvrait la porte latérale. Harrow lança d’abord les deux sacs puis poussa Juliette et la suivit à bord. L’appareil décolla immédiatement.

Il était vide à l’exception des deux pilotes. Juliette se demanda un instant si on allait de nouveau tenter de la droguer. Mais Harrow ne lui proposa aucune boisson suspecte.

Étendu sur les sièges en Skaï, il paraissait soulagé, heureux. Pour la première fois depuis le lancement de l’opération, Juliette le voyait sourire. C’était un sourire sans destinataire, il ne la concernait pas en propre. Pourtant, elle en recueillit sa part, comme l’expression d’un bonheur qui comble quelqu’un qu’on aime.

Ils volèrent longtemps dans la nuit et elle s’assoupit. Quand l’aube rosit le côté droit de l’horizon, elle en conclut qu’ils volaient vers le sud. Ils firent deux escales. Pendant la première, en rase campagne, ils restèrent à bord de l’avion et virent des inconnus faire le plein à partir de gros barils de kérosène. La seconde escale les amena sur un petit terrain d’aviation civil. Aucun nom de lieu n’y figurait. Ils descendirent pendant qu’on refaisait le plein et traversèrent la piste jusqu’à un bâtiment blanc couvert de tuiles romaines. Trois hommes étaient assis dans cette minuscule aérogare. Ils avaient des visages mexicains et parlaient en espagnol. La chaleur était intense. Juliette se demanda s’ils avaient déjà quitté le territoire des États-Unis, mais ne posa aucune question. Tout le monde, y compris Harrow, semblait faire comme si elle n’existait pas. Elle devenait experte en qualité de silence et celui-ci lui apparut ne procéder ni du mépris, ni de la défiance, plutôt d’une anxiété partagée par tous. Elle seule restait dans l’ignorance de ce qui se passait et en concevait un calme complet. Les médicaments avaient un peu ralenti ses pensées, si bien qu’elle sentait comme une ivresse à cultiver une expression détachée et à composer sur son visage un sourire doux, comme une Madone qui dispense alentour sa miséricorde bienveillante, universelle et gratuite.

Ils remontèrent dans l’avion que son arrêt en plein soleil avait transformé en four. Après le décollage, le paysage devint uniformément aride. Jusque-là, des nuages bas avaient caché le sol. Désormais, ils volaient dans un air sec qui révélait des collines ravinées et des routes rectilignes. Leur dernière escale eut lieu à la tombée du jour sur un petit aéroport situé à l’écart d’un gros village. Juliette comprit qu’ils étaient parvenus au Mexique, car pour la première fois les pilotes se retournèrent vers leurs passagers en souriant. Harrow lui-même, tout avare qu’il fût d’expression, montrait son soulagement. Une voiture portant des plaques mexicaines les attendait. Deux chambres leur étaient réservées dans un motel crépi de blanc. Ils dînèrent d’un plat de pâtes dans une petite salle peinte en ocre derrière la réception. À quatre heures du matin, la même voiture vint les chercher et les mena par des routes de montagne jusqu’à un aéroport un peu plus grand constitué par une piste asphaltée au bout de laquelle les attendait un petit jet. Le nouvel équipage était plus loquace que le premier. Le capitaine était un gaillard roux à l’accent britannique qui affichait son goût de la vie sous la forme d’une énorme moustache soigneusement peignée et relevée en crocs. Il se retournait sans cesse pour commenter le vol. Il expliqua qu’ils allaient traverser la péninsule du Yucatán puis survoler plusieurs îles des Caraïbes. Ensuite, ils mettraient le cap sur la côte sud-américaine.

Au moutonnement bleu de la mer succéda, sans autre transition que la ligne d’une plage, l’étendue verte de la forêt amazonienne. Rien ne distinguait la Guyane du Brésil et le capitaine haussa les épaules en désignant du doigt la ridicule frontière qui prétendait séparer l’inextricable continuum de la canopée.

Ils firent le plein vers midi à l’aéroport de Santarèm. À l’évidence, la clandestinité du départ n’était plus de rigueur. Un policier en tenue vint même saluer les pilotes et discuter amicalement avec eux. Après un dernier trajet qui leur fit survoler encore un peu d’Amazonie puis les zones montagneuses du Minas Gérais, ils atterrirent en fin d’après-midi à Rio de Janeiro.

Juliette, abrutie par le voyage, se sentit fondre dans la chaleur moite et respira avec incrédulité ce parfum de mer et de sucre qui donne à l’air brésilien son inimitable qualité.

Sans réfléchir, elle confia son passeport à l’homme qui était venu les accueillir. Il leur fit traverser les guichets de police par un passage spécial. Quand il lui rendit son passeport, elle se souvint qu’il fallait sans doute un visa pour séjourner au Brésil et elle en fit la remarque à Harrow.

— Un visa ? intervint leur guide. Mais vous l’avez !

Et il lui montra la page où l’officier de police venait de l’apposer.

Juliette n’eut pas le temps de s’inquiéter de ce que pouvait signifier ce passe-droit. Il lui évitait des complications administratives et lui permettrait de dormir un peu plus tôt. Rien ne lui paraissait plus désirable.

Le Parfum D'Adam
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